Brezhoneg : des réjouissances en demi-teinte

une du n°525 breizh ba zontPar Thierry Jigourel

        Une croissance de 6 % annoncée des écoles Diwan au plan national breton, l’ouverture d’une filière bilingue français-breton au collège Saint-Yves à Kemper, l’ouverture d’une autre filière bilingue au collège public Emile Zola, toujours dans la ville de saint Corentin, ou la création d’une école Diwan à Guipel en plein pays gallo, sont de bonnes et heureuses nouvelles pour le breton, qui, n’en déplaise à certains qui entendent utiliser le gallo comme cheval de Troie pour mieux diviser, est et reste un patrimoine commun à tous les Bretons.

        La joie n’est pourtant qu’en demi-teinte lorsque l’on prend conscience de l’état de notre langue, malmenée par des jeunes qui en manient à merveille tous les néologismes, mais parfois en négligent l’accent, la musique et le rythme, et des anciens souvent analphabètes dans leur langue nationale pour cause de non enseignement, et qui la truffent de mots empruntés au français.

      A cela s’ajoutent les difficultés récurrentes et chroniques de transmission liées à un Etat qui, après avoir mené des décennies durant une politique liberticide et linguicide, continue à freiner des quatre fers en ce qui concerne la ratification et l’application des grands textes internationaux portant sur le respect dû aux minorités nationales. Le résultat est cette fois plus qu’en demi-teinte : un peu plus de 3 % des élèves scolarisés en circuit « bilingue », les trois filières : Diwan, Dihun et Divyezh confondues. Le seuil des 20 000 élèves souhaité par Jean-Yves Le Drian encore sur la ligne d’horizon. C’est plus que maigre. C’est squelettique, malgré les efforts de ceux qui s’investissent au quotidien pour la transmission de ce patrimoine irremplaçable hérité de nos ancêtres. C’est ridicule comparé à la pratique vertueuse, dans le domaine, dans les pays démocratiques d’Europe, comme la Confédération Helvétique ou l’Italie, où, dans une région autonome comme le Sud Tyrol, 70 % des élèves sont scolarisés d’office dans leur langue « régionale », avec quatre heures d’italien hebdomadaire, ou par rapport au pays de Galles, pour citer nos cousins les plus proches, chez qui un tiers des enfants sont scolarisés en filières immersive. Mais c’est également très peu par rapport à la situation qui prévaut chez d’autres peuples de l’Hexagone, comme les Corses, qui, à force de combat et de résistance, ont réussi à arracher du pouvoir central l’enseignement automatique de quatre heures hebdomadaires dans leur langue, ou comme l’Euskadi sous administration française, où désormais près du tiers des élèves suivent une éducation dans les Ikastolak, écoles immersives, ou même de l’Alsace où l’enseignement bilingue français-allemand, y compris dans le dialecte alémanique local, a fait de gros progrès depuis une décennie.

        S’il est vrai que l’Etat porte une lourde culpabilité dans la situation actuelle du breton, on ne répétera jamais assez que les Bretons eux-mêmes, à cause sans doute du complexe d’infériorité dont ils ne sont pas encore entièrement débarrassés, ont eux-aussi une part de responsabilité. A eux de se battre, dans les décennies futures, afin que cet héritage précieux, pour eux, mais aussi pour toute l’Humanité, ne devienne pas une langue de musée. A eux aussi d’apprendre le brezhoneg, de se le réapproprier, de le parler au quotidien, afin que son sort ne repose pas uniquement sur les épaules de leurs enfants. Car tout ne viendra pas des écoles, mais également des médias que nous saurons imposer au Pouvoir jacobin, ou non... ainsi que de la volonté de chacun(e), seul(e) ou en associations.



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