« Rennes Bretagne Europe »

seule liste bretonne à Rennes

Frank Darcel, tête de liste « Rennes Bretagne Europe » aux élections municipales de Rennes a répondu aux questions de L’Avenir de la Bretagne.

 Bonjour Frank, tu n'es pas un nouveau venu dans le paysage politique breton. Quelles sont tes précédentes expériences ?

J’ai été numéro 4 sur une liste Modem / Parti Breton aux élections municipales rennaises de 2008. Puis j’ai participé aux européennes toujours avec le Parti Breton l’année suivante. En 2014, j’étais numéro 2 sur une liste qui se nommait déjà « Rennes Bretagne Europe » aux élections municipales rennaises, où Caroline Ollivro était tête de liste. En 2014, avec Breizh Europa nous avons fait les Européennes avec "Nous te ferons Europe". En 2015, nous avons participé, avec notre mouvement Breizh Europa, à la campagne de Marc Le Fur pour les régionales, en accord avec lui sur les questions bretonnes.

Pour nous les clivages droite-gauche sont dépassés. En dehors des partis extrémistes, s'il y a accord sur les fondamentaux bretons, nous sommes prêts à collaborer si nous ne pouvons y aller seuls.

 Pourquoi avoir monté cette liste pour les municipales ?

On m’a proposé de rejoindre d’autres listes, mais il m'a semblé que faire entendre de manière audible le point de vue breton dans la capitale était vital.

 Comment s'est-elle montée ? Quels étaient vos objectifs pour sa composition ?

Nous avons réussi à fédérer des gens très divers autour de l’idée d'une dévolution pour la Bretagne, tout en abordant de nombreux sujets de manière originale. Et c’est déjà une réussite, parce que cela veut dire qu’en Bretagne, on peut fédérer autour de solidarités naturelles des personnes issues de différents milieux, et qui ont des origines très diverses également. Car tout le monde a compris sur cette liste que lier un territoire, son histoire et l’économie, entre autres, était fondamental, tout en prenant exemple, dans différents domaines, sur ce qui se fait de mieux en Europe.

 Nous n'y avons pas vu de personnalités du Parti Breton. En revanche, il y a des militants du PB sur d'autres listes ? Comment est-ce possible et pourquoi ?

C’est au Parti Breton qu’il faut demander. C’est vrai que le Mouvement breton part dans le désordre dans ces élections, puisque l’UDB se présente avec les Verts. Je sais depuis longtemps, pour ma part, que cette unité du Mouvement breton est un leurre. Car le mouvement breton, s’il ne s’ouvre pas à la société civile et ne pense qu’à récupérer des strapontins ici ou là, restera un ghetto…

  Quels sont vos propositions pour la Bretagne (réunification, langue, culture etc. )?

La réunification est un objectif prioritaire bien-sûr, parce qu’elle donnera à la Bretagne le poids économique nécessaire (140 milliards de PIB contre 90 à l’heure actuelle), et encouragera tous les habitants de Bretagne à aller de l’avant. On prône le partage du rôle de capitale entre Rennes, Nantes et Brest. Pour la langue, il faut évidemment que la France ratifie enfin la Charte des langues minoritaires. Et pour le reste, il faut des budgets décents pour les régions. Le budget de la Région Bretagne était de 1,550 milliard en 2019. Et le budget de l’État français de 338 milliards… Tout est dit. En fait, les élus de la Région font plus ou moins de la figuration. Rappelons également qu’un Land allemand récupère 50 % de tout ce qui est prélevé sur son territoire en termes de taxes et impôts. Une Région française seulement 23% au travers de dotations infantilisantes. Et l’État, en parallèle, une fois qu’il a donné sa part à l’Île-de-France, finance en plus cette Région en direct dans des proportions hallucinantes. C’est un racket qu’opère l’Île-de-France sur les finances de toute la France. Il faut en parler d’avantage, et tout changer !

 Etiez-vous du coup, la seule liste bretonne ou la seule liste non pilotée par et depuis Paris ?

Nous n’avions personne sur notre liste qui ait sa carte dans un parti dont le siège est en Île-de-France. Nous n’avons de comptes à rendre à personnes en dehors de Bretagne.

 D'autres listes avaient-elles des propositions intéressantes par rapport à la Bretagne ? Et quelle crédibilité quand on songe que Mme Appéré, maire de Rennes, est une farouche opposante à la réunification ?

J’ai dit à Madame Apperé, lors d’un débat sur France 3, qu’elle avait même du mal à prononcer le mot « Bretagne »… On en est là ; elle est l’exemple type de l’apparatchik socialiste en Bretagne, qui ne souhaite qu’une chose : le Grand-Ouest. D’une manière générale, le PS, comme l’a bien dit Yvon Ollivier dans son livre, nous l’a faite complètement à l’envers en Bretagne. Que des mouvements dits bretons aient autant collaboré avec eux frise le ridicule. Et voir des artistes bretons soutenir un Cuillandre à Brest fait froid dans le dos. A ce rythme-là, la Bretagne aura disparu dans dix ans.

 Nathalie Appéré avait-t-elle elle-même des alliés bretons ? On n’a pas vu Glen Jégou sur sa liste, ni Anna Sohier ! Personne de l'Udb !

Glenn a passé la main parce qu’il est suffisamment occupé ailleurs, et l’Udb est partie avec les Verts. Ce qui se passe à Nantes de ce point de vue est éloquent : les Verts à Nantes ont une vraie proposition bretonne, mais l’UDB préfère aller avec Joana Rolland, une fervente adepte du Grand-Ouest. C’est une hont. Je le répète, en agissant ainsi sur des axes qui devraient pourtant être intangibles, le Mouvement breton restera un ghetto. Ce n’est pas comme ça que nous voulons travailler chez Breizh Europa.

 Quels étaient vos objectifs pour ces municipales ?

Nous espérions faire au minimum 5%. Puis préparer les Régionales dans la foulée, quel que soit le score, avec Breizh Europa cette fois. Et revenir à Rennes dans 6 ans, mais pas forcément avec moi en tête de liste bien-sûr. « Rennes Bretagne Europe » sera là à toutes les élections rennaises maintenant. Et pourquoi pas un jour une liste « Nantes Bretagne Europe » pour les municipales, et la même chose à Brest ! Ces structures sont bien plus ouvertes que des partis politiques, et font beaucoup plus parler d’elles. C’est à partir de ce genre d’unités, décentralisées, que l’on peut construire un avenir politique pour notre pays, Breizh.

 Merci Frank.

 Propos recueillis par Thierry Jigourel



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