Une nouvelle loi liberticide

 Edito par Thierry Jigourel

Vous n’avez pas remarqué que les pays qui se drapent dans de grandes formules, qui les gravent avec emphase sur tous les frontons de leurs édifices officiels sont les moins démocratiques, de la République Démocratique du Congo, à la République Populaire de Chine ? Il ne suffit pas de se proclamer «démocratique» pour l’être, ni de se dire «populaire» pour faire le bonheur du peuple. Il en va de la France comme de tous les régimes tentés par des dérives totalitaires, hélas. Est-ce si surprenant de la part du seul État au monde qui baptisa lui-même et avec fierté un de ses régimes politiques : la Terreur ? Est-ce surprenant de la part du seul État au monde qui fixa dans la loi l’extermination de toute une partie de sa population, et qui édifia un arc de Triomphe à la gloire de ceux qui appliquèrent cette loi ?(1) Un arc de triomphe, du reste, construit par un dictateur à qui une bonne partie de la classe politique s’est empressée de rendre hommage à l’occasion du bicentenaire de sa mort au printemps dernier. Dire que cet État, qui se prétend le parangon de la démocratie et des droits de l’Homme, d’un homme du reste purement abstrait, universalisé et hors sol, est une démocratie raréfiée serait un euphémisme.

En réalité, en dehors de quelques exceptions décidées à satisfaire les revendications de petits lobbies, TOUTES les lois votées par la France tendent, depuis des décennies à restreindre les libertés du plus grand nombre. Surprenant dans un pays où on laisse des voyous attaquer des commissariats toutes les nuits et s’instaurer des zones de non droit qui mitent dangereusement le territoire « national » ? Pas tant que ça. Peut-être un psychiatre spécialisé dans le fonctionnement mental des « élites » du pays qui occupe le nôtre nous expliquera-t-il que cette cascade de lois liberticides contre le peuple est le pendant logique l’un laxisme surréaliste vis-à-vis des délinquants. En tout cas, tout se passe depuis quelque temps comme si le pouvoir, pour faire plaisir aux mânes des «grands ancêtres», de Danton à Robespierre, s’en donnait à cœur joie. Après avoir interdit l’enseignement des enfants au sein de la famille, après avoir retoqué la loi Molac qui, en autorisant l’enseignement d’État à inaugurer des filières immersives en langues dites «régionales», représentait un pas important vers la démocratie, voici que le Conseil Constitutionnel valide un projet de loi instituant un pass sanitaire qui crée une catégorie de sous citoyens qui n’auront accès ni aux restaurants, ni aux cinémas, ni à leur travail pour certains d’entre eux. Et ceci dans le silence assourdissant de syndicats corporatistes payés généreusement par l’argent du contribuable, donc achetés et aux ordres.

A cette cascade de mauvaises nouvelles pour ceux qui accordent un sens aux mots de liberté et de démocratie, s’en ajoute une autre : l’application de la loi «contre le séparatisme». Des esprits normaux se demandent pourquoi nommer ainsi une loi rédigée soi-disant pour lutter contre le fondamentalisme islamiste. Pourquoi ne pas la nommer tout simplement : «loi contre le fondamentalisme islamiste» ? Ou, pour éviter de stigmatiser une religion particulière : «loi contre le fondamentalisme religieux» ? Quel rapport entre le «séparatisme» et le fondamentalisme religieux ? S’interrogent les esprits normaux. Ils ont raison. Mais ils ne se mettent pas à la place des hiérarques français pour qui l’ennemi c’est toujours et avant tout le Breton, le Basque et le Corse qui entendent faire de leurs pays des pays libres, sans la tutelle d’un «grand frère» autoproclamé qui depuis longtemps a montré qu’il est une épouvantable marâtre. Bien peu de voix se sont élevées au moment du vote de ce texte par l’Assemblée dite «Nationale», alors que tous auraient dû dénoncer cette forfaiture destinée à mettre un peu plus hors la loi l’idée de liberté vraie, non pas théorisée mais incarnée. Hélas, aujourd’hui, ceux qui l’étudient en découvrent le contenu avec effroi. Son article 6, s’il n’est pas officiellement dirigé contre les Bretons, les Corses et les autres, pourra être largement utilisé pour supprimer les subventions aux associations qui refusent de passer sous les fourches caudines d’un jacobinisme plus arrogant que jamais. Que dit-il précisément ? Ceci : que pour pouvoir toucher des subventions, les associations en question doivent signer un contrat par lequel elles s’engagent à «ne pas revendiquer leur soustraction aux lois de la République, pour quelque motif que ce soit.» Il est bien clair que par ce tour de passe-passe qui n’a fait hurler aucune bonne conscience «humaniste» parisienne, c’est de fait toute idée indépendantiste qui se trouve criminalisée et hors la loi. Cette loi sera tôt ou tard utilisée contre nous, tout comme la loi Toubon de 1992 qui fait du français -et à l’exclusion des autres- LA langue de LA république.

 Rien de surprenant dès lors que le collectif Bretagne Majeure qui réunit diverses organisations de l’Emsav dont le Parti Breton, l’Alliance Fédéraliste Bretonne, Bretagne Réunie et la Fédération Sportive Bretonne soit vent debout contre cette nouvelle loi liberticide et appelle les municipalités à verser comme d’habitude leurs subventions sans leur demander de signer le pacte du déshonneur. «Nous avons le droit et le devoir de nous opposer à tous les dogmes qui nient l’existence de nos peuples, au nom des droits humains, des droits culturels et de la lutte contre toutes les formes de déshumanisation et de totalitarisme», conclut le collectif. Le combat, c’est sûr, sera encore long jusqu’à la Liberté. Puisse le futur nous délivrer les Lumières autoproclamées d’un État qui, après Louis XIV, se prend pour le soleil et dont nous ne voulons plus.

1-Le nom du général Turreau de Garambouville est inscrit sur l’arc de Triomphe de Paris à côté de ceux d’autres généraux qui mirent en œuvre le décret-loi de l’Ier octobre 1793 portant sur l’extermination de toute la population «vendéenne». N’est-il pas significatif que cet arc de triomphe fût présenté, en automne 2018 lorsqu’il fut pris d’assaut par le peuple, comme «le symbole de la Liberté» par le système ?

 



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