Quand l’Europe se déshonore

Editorial par Thierry Jigourel

Oriol Junqueras, Carme Forcadell, Raül Romeva, Dolores Bassa, Jordi Cuixart, Jordi Sànchez, Joaquim Forn, Josep Rull et Jordi Turull : autant de noms qui devraient être répétés, inlassablement, à tous les journaux de télévision des pays démocratiques, comme le font certaines chaines pour les otages de groupes islamistes, tagués sur tous les murs, afin d’exiger leur libération. Ils sont en prison. En Espagne. Leur crime ? Avoir organisé un référendum d’autodétermination à destination du peuple catalan, en octobre 2017. Un référendum déjà marqué par la confiscation des urnes par le gouvernement espagnol et par des violences d’État qui auraient dû faire hurler tout ce que l’Europe compte de démocrates et qui ne se sont heurtées qu’au silence d’Emmanuel Macron pourtant si prompt à dégainer le revolver de la pensée pour pourfendre les prétendus contrevenants à la démocratie, surtout s’ils sont situés dans les pays jadis sous la coupe de Staline.

Le 12 octobre dernier , lorsque la nouvelle tomba, lorsque la presse européenne apprit que l’ensemble de l’exécutif élu par le peuple catalan se voyait condamné à des peines de prison allant jusqu’à 13 ans fermes par la Cour suprême espagnole, toute la classe politique française et européenne aurait dû être vent debout, appeler à des sanctions contre l’un des royaumes les plus rétrogrades d’Europe dans ses méthodes et exiger la libération immédiate et sans conditions de ceux qui sont privés de liberté pour motif politique et délit d’opinion.

Il fut un temps pourtant où la France accueillait des militants indépendantistes basques traqués par la police espagnole. Mais c’était avant. C’était du temps de Franco. Les choses auraient-elles donc changé à ce point que des dirigeants démocrates et pacifistes, qui redoublent d’efforts depuis des années pour instaurer un dialogue constructif avec les autorités du royaume de Felipe VI, aient droit à moins d’égards que des activistes un temps recherchés parce qu’ils avaient posé des bombes, même si le combat des Basques pour leur liberté est aussi légitime que celui des Catalans ?

Au-delà de cette constatation, on ne peut que s’étonner des distorsions comportementales et discursives d’un Etat qui, un temps, accueillit et protégea avec constance et détermination des dizaines de terroristes des Brigades Rouges italiennes, refusant obstinément de les extrader, en violation des accords européens, alors même que l’Italie n’a plus rien à prouver en matière de démocratie depuis la chute du fascisme et la constitution de 1946.

La réponse est toute trouvée : la France n’est pas une démocratie. Ou alors elle est une démocratie avec un faux-nez. Elle se déshonore depuis longtemps toute seule. Mais quid des institutions européennes ? Quid de l’Allemagne, qui est un modèle de fédéralisme ? Quid de l’Irlande, dont le gouvernement républicain provisoire fut intégralement fusillé en 1916 à la grande joie des autorités françaises - Poincarré et Clémenceau en première ligne- et de la classe intellectuelle à quelques exceptions près ? Et quid du Royaume-Uni, capable pour sa part d’autoriser et d’accompagner avec fair-play des référendums portant sur l’avenir institutionnel de l’Ecosse ou du pays de Galles ?

Face à la répression espagnole et à ces relents de franquisme approuvés chaleureusement par Manuel Valls et consorts, l’Europe s’est déshonorée par sa veulerie. Puis elle s’est endormie. Se réveillera-t-elle un jour ? Il est permis de penser hélas que ce genre de comportement à des années-lumière de ses grands discours sur les droits fondamentaux continue à la discréditer un peu plus aux yeux de ceux qui n’y croient déjà plus beaucoup et en particulier chez les jeunes.




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