Kenavo Padrig Le Lay !

 Par Thierry Jigourel

      Patrick Le Lay nous a quittés. C’était le 18 mars dernier. Au début d’une période qualifiée par euphémisme « confinement ». Sa mort n’est pas passée inaperçue, non, mais on ne lui a pas accordé l’importance qu’elle aurait mérité. 

 

      Il est vrai que sa pensée n’était pas très conforme et que pour Charlie Hebdo et tout ce que la France compte de faux révolutionnaires bien protégés par la police de l’État, pour les bien-pensants prébendés par le système du prêt à penser obligatoire, il était un patron, et qui plus est un grand patron. Donc un ennemi de classe. C’est vrai aussi que ses opinions bretonnes affirmées et assumées lui créaient beaucoup d’adversaires parmi ceux qui ont pour mission et pour profession de défendre le dernier État centralisé d’Europe contre ceux qui veulent le faire évoluer ou simplement, le critiquent. Raison de plus pour rendre à cet homme courageux, opiniâtre et persévérant un hommage appuyé.

       Patrick le Lay, né en juin 1942 d’une mère brestoise et d’un père bigouden, avait reçu en héritage l’idée bretonne et une certaine capacité de résistance. Pendant la guerre, ce père qui enseignait au lycée de Saint-Brieuc, n’avait écouté que son courage pour faire passer la mère de Michel Drucker pour sa femme et lui éviter la déportation. Un épisode rappelé moult fois depuis lors, non pas tant par Patrick Le Lay que par Michel Drucker. Mais le rejet de toute forme d’oppression et de totalitarisme avait aussi entraîné cet ancien centralien à côtoyer des hommes qui s’engagèrent pour la liberté et dont certains allèrent jusqu’à plastiquer, en août 1932, le tristement célèbre monument de la honte de Rennes. L’emblématique patron de TF1, créateur de TV Breizh et membre notoire de l’Institut de Locarn, ne rejoignit pas le mouvement clandestin. Mais il a toujours soutenu l’association Skoazell Vreizh, créée en 1969 par Xavier Grall et Gwenc’hlan Le Scouézec, pour venir en aide à des centaines de détenus politiques bretons. Au plan politique, celui qui passa le plus clair de son enfance à Plemet dans les Côtes d’Armor, avait des positions à la fois claires et courageuses. Il ne cachait ni ses opinions indépendantistes, ni la seule identité qu’il revendiquât : « Je ne suis pas Français, je suis Breton. Je suis un étranger quand je suis en France »,  confiait-il en 2005 à un de nos confrères. Par rapport à la technostructure, son jugement était acéré et sans concession : «L’administration française est colbertiste. Elle n’a pas changé depuis Colbert. Elle se méfie de tous les particularismes. » Sur l’État  lui-même ? : «Un pays où l’on fait quatre ans de prison préventive sans jugement, je veux bien que ce soit le pays des Droits de l’Homme, mais il faut encore le prouver ! » Sur les rapports entre l’État et la langue bretonne ? « Je ne parle pas la langue de mon grand-père et pourtant je n’ai pas quitté mon pays. Si vous ne considérez pas qu’il y a eu là un terrorisme intellectuel, il faudra m’expliquer. Si dans une famille, vous ne parlez pas la langue de vos grands-parents, c’est qu’il y a eu des gens qui sont venus vous empêcher de la parler. » La conclusion est limpide, cohérente, sans appel : «Il n’y a pas de plus grand crime contre l’Humanité en dehors de tuer des gens que de tuer leur langue. La France a procédé à un génocide culturel de la langue bretonne. C’est clair ». C’est clair, sauf pour les «intellectuels» prébendés par le système et les journaux maintenus sous perfusion économique par l’impôt du contribuable et qui doivent, forcément, des petits comptes à leurs petits maîtres.

     Kenavo, Padrig Le Lay.

Ra ve zo gwenn da ved  e Tir na n’Og.

 



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