Autonomie, vous avez dit autonomie ?!

 Pennad stur gant Thierry Jigourel

           Depuis plusieurs mois, le mot « autonomie », lâché par le gouvernement français à propos de la Guadeloupe puis de la Corse fait couler beaucoup d’encre. Et donne des idées à certains qui, hier encore, sur le sujet du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes se contentaient de répéter en boucle les discours officiels sur l’Ukraine. L’idée, quoi qu’il en soit, progresse. Le colloque tenu le 19 novembre dernier à Carhaix le prouve. Avec une salle pleine et des intervenants de haute volée, il fera date.

            En français, le mot autonomie a un sens extrêmement positif et valorisant lorsqu’il est associé à «de la personne », «de l’enfant », ou encore « énergétique ». Ce qui va de soi et qui paraît logique et cohérent. Par quel tour de passe-passe, alors, par quel mécanisme pervers de la pensée, ce mot peut-il prendre subitement une connotation péjorative et dépréciative dès lors qu’il est associé au terme de « région » ? Et alors que l’autonomie régionale est un concept normal et même évident dans tous les pays d’Europe, en tout cas chez les voisins immédiats de la France, il apparaît au pays autoproclamé des Droits de l’Homme comme chargé des pires desseins. Les héritiers de Robespierre, de l’abbé Grégoire et de Bertrand Barrère de Vieuzac, ceux qui théorisèrent l’éradication de la diversité linguistique et l’extermination de peuples comme les Vendéens, parce qu’opposés à leur vision d’un monde où l’uniformité serait la règle et la diversité l’exception, en firent même un mantra. A tel point qu’une grande partie de la population bretonne, victime collective du syndrome de Stockholm, finit par prendre fait et cause pour son bourreau contre ceux qui voulaient l’en libérer et lui restituer ses droits et libertés confisqués. Les « autonomistes » furent longtemps présentés aux Bretons bien dressés par l’Etat français et ses séides comme des repoussoirs, voire des épouvantails. Le pouvoir utilisait alors le terme et l’image associée avec la même redoutable efficacité que le père Maunoir agitait ses taolennoù devant les yeux médusés des paysans du Kreiz Breiz, terrorisés à l’idée d’aller en Enfer s’ils continuaient à se rebeller contre les dragons de Louis XIV.

Vers la fin de la peur et de la honte de soi ?

           Ce temps où la majorité des Bretons reprenait à son compte les leçons que lui soufflaient le petit maître parisien et ses relais locaux est-il dans le rétroviseur ? La peur de réclamer pour soi « les droits que les autres ont » est-elle désormais un réflexe du passé ? Le portait du colonisé, un vestige archaïque et la panoplie de Bécassine reléguée dans les armoires familiales avec la honte de soi ? C’est possible. C’est en tout cas souhaitable. Dans un précédent article, nous décrivions le climat de décomplexation et de libération de la parole qui avait suivi les promesses d’ouverture de négociations entre l’Etat français et les autorités élues de Corse sur l’évolution institutionnelle « allant jusqu’à l’autonomie » de l’île de Beauté, après que le mot tabou fût lâché quelques mois auparavant à propos de la Guadeloupe. Inutile donc d’y revenir. Il semble depuis ce temps que les choses avancent. En Bretagne aussi puisque, dans la foulée du vœu pour un statut d’autonomie voté par l’unanimité du Conseil Régional moins les voix du groupe Pennelle (RN), un collectif s’est réuni à Carhaix, à l’appel et autour de M. Christian Troadec, maire de la capitale du Poher et des Bonnets Rouges et vice-président de la Région.



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